Peindre une nature morte
Si la « peinture s’apprend sans les musées », alors c’est en misant sur l’observation des sujets déjà réalisés qu’il est aussi possible de tirer un enseignement et d’avancer, aussi bien en matière de dessin que d’utilisation des peintures ou de mise en place de perspectives, de jeux d’ombre et de lumière.
Voila l’œuvre en question. Elle parait toute simple, mais, à la lueur de ses explications il n’en est rien. Voici donc les différentes étapes pour travailler tout en effet et harmonie.
L’utilisation d’une palette de couleurs définie
« Oui cette petite nature morte n’est pas une œuvre majeure mais elle suit beaucoup de règles et d’effets qu’il est intéressant de connaître et d’adopter pour un résultat efficace et harmonieux.
Premier constat, ma palette de couleur est très réduite sur ce tableau. Nous percevons du rouge et du vert. Aucune autre couleur ne vient perturber cette harmonie, le rouge étant complémentaire du vert. L’harmonie se joue donc qu’au travers des nuances entre ses deux couleurs et l’équilibre qu’elles composent dans cette complémentarité. Le gris présent lui aussi reste neutre.
Bien entendu, avec seulement deux couleurs, pour enrichir le tableau il faut apporter beaucoup de nuances, du clair au foncé, et du froid au chaud.
La composition et les différents plans d’équilibre
Le premier plan sera composé de valeurs chaudes et saturées (fortes) déjà, et l’arrière plan des valeurs plus froides et plus légères.
Pour ce qui est aussi de l’organisation des couleurs, mon premier plan, et sujet principal, est exprimé avec la couleur la plus chaude et vive, donc le rouge de la pomme. Il n’eut été pas judicieux de peindre une pomme avec un rouge aussi fort, et même atténué en arrière plan. »
La progression des nuances
« Comme on le voit sur ce détail, la touche aussi a son importance. Le premier plan est peint avec plus de précision, des contours plus nets, alors que l’arrière plan lui est flou. Cette progression vers le flou, plus les objets sont « loin » produit un effet de profondeur subtil et joli. Cet effet associé au travail des couleurs donne une composition non plane et tout en perspective. »
« Pour le rendu du relief des fruits, j’ai travaillé les dégradés et contrastes entre clairs (lumières) et foncés (ombres) en tenant compte de l’effet d’éloignement. La différence entre ombres et lumières en arrière plan est moindre qu’en premier plan. Ensuite je suis resté pour ces gradations dans des valeurs colorées en raccord. Pour exemples : L’ombre propre de la pomme rouge est un rouge très foncé, pour la pomme verte c’est un vert très foncé aussi. »
Le travail des détails en peinture
« Voila un petit effet bien sympathique mais qui n’a pas seul but de faire joli. Toute la partie basse du tableau manquait de détail et plaçait la composition globale trop en hauteur. Le travail des gris pour exprimer le drapé ne suffisait pas pour l’équilibre. Ce petit filet de couleur ajuste la composition. Ce n’est pas son seul intérêt puisqu’il permet aussi une meilleure lecture du relief donné par les plis. »
« Autre petit effet qui amène du réalisme à l’ensemble, c’est le reflet des pommes dans la timbale et celui de la poire dans la louche. Cela apporte l’illusion de la brillance de ces matières. »
« Voila comment avec quelques règles et astuces, on optimise le rendu d’une nature morte. »