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24 Avril 2020
Peindre à la manière de Claude Monet, par laurentsaintgermain
Les Impressionnistes ont révolutionné la peinture par leur coloris innovant, contrastant indubitablement avec les toiles sombres et obscures des peintures académiques de cette époque. Cependant d’un point-de-vue technique méfions-nous, car de nombreuses œuvres Impressionnistes sont aujourd’hui en très mauvais état.
Claude Monet préparait lui-même ses fonds à base de colle de peaux et de plâtre cru. Quant à d’autres, comme Sisley, peignaient sans aucune préparation du support, l’huile étant complètement absorbée il obtenait ainsi une peinture mate.
Le positif :
L’utilisation d’un fond absorbant et d’un diluant volatil permettent d’augmenter la qualité du rendu, mais attention à l’excès, comme cela a été le cas de nombreuses fois à cette époque.
Le négatif :
La porosité du support / La pauvreté de l’agglutinant (huile d’oeillette crue) / Le diluant volatil tel que de l’essence pure / La suppression de tout vernissage / Et parfois même l’ajout de cire.
Conséquences de ces actes : Les toiles n’ont en effet pas jauni mais sont devenues tristes du fait d’avoir perdu leur fraîcheur et leur éclat. Certaines sont grisâtres et mornes, et leur pâte est devenue très friable car appliquée sur des supports non-adaptés (cartons par exemple ou sans aucune préparation), certaines peintures menacent de se détacher au moindre choc.
La solution : Le vernissage ! Le comble puisque c’est cette brillance que voulaient éviter ces peintres! Une fois vernies, elles seront certes protégées, mais les couleurs ne seront pas ravivées.
Les œuvres de Cézanne se sont crevassées et les couleurs ont terni, sont en cause sa technique mais également ses nombreuses superpositions de retouches.
Au contraire, certaines des œuvres de Monet sont bien conservées, ses toiles étaient apprêtées d’une couche fine afin de laisser le grain de la toile, et il peignait d’une seule séance avant que le lumière ne change. Tout comme les œuvres de Seurat qui n’ont pas vieilli non plus. Le Cirque est presque comme neuf.
Quant aux cas de Van Gogh et du douanier Rousseau, leur utilisation d’un vernis à peindre à base de résine a permis à leur travail d’être admirablement bien conservé. La technique du dernier relève presque de celle des Primitifs flamands. Pas une craquelure n’apparaît.
Entre la matité de Monet et de Seurat et la technique résineuse de Van Gogh et de Rousseau, se trouve Renoir !
Les œuvres tardives du peintre sont mieux conservées que les premières du fait qu’il peignait en une seule séance, contrairement aux précédentes sur lesquelles il ne cessait de retoucher.
Il est donc possible d’en conclure que la détérioration des œuvres de cette époque n’est pas seulement due aux problèmes techniques, mais également à la mauvaise pratique de certains.
Nous pourrions conclure par cette nécessité de comprendre qu’il est préférable de peindre d’un seul jet plutôt qu’en plusieurs séances. Car une peinture exécutée rapidement, sans retouches, garde un meilleur aspect. A moins de maîtriser parfaitement la règle du gras sur maigre et les dosages des différentes médiums.
Alors certes, les Impressionnistes ont été l’avant-garde de leur temps, les révolutionnaires du milieu pictural et sont devenus des modèles à suivre pour les générations suivantes; mais d’un point-de-vue purement technique, cette époque a été également la perte d’une qualité picturale d’antan et d’un savoir traditionnel.
Claude Monet, par laurentsaintgermain