Chaque pastelliste expérimenté a ses tours de main pour s’exprimer, quel que soit son style et sa sensibilité. Pour y parvenir, il a préalablement assimilé les bases techniques et méthodologiques du pastel sec (je n’aborde pas les techniques mixtes).
Avant de dessiner et peindre le sujet sur le support, il ne faut pas hésiter à exécuter plusieurs croquis colorés pour l’étudier et trouver la meilleure expression.
Le choix du support est fondamental et correspond toujours à la nature de l’œuvre (étude, rapidité d’exécution, format, etc.) et aux types de pastels utilisés.
Les pastels se présentent sous forme de bâtonnet, de crayon ou de poudre (panpastel travaillé avec de petites éponges). Attention de ne pas agresser le support par une touche trop vigoureuse ou des pastels de mauvaise qualité.
La première étape consiste à dessiner son sujet. Le dessin est exécuté de préférence au crayon pastel en traits légers sans appuyer (un bon test : si vous frapper légèrement avec un chiffon le dessin, il doit disparaître). Au stade dessin il est possible de rectifier les erreurs avec une gomme « mie de pain ». Si vous n'êtes pas sur du résultat, vous pouvez le décalquer.
La seconde étape permet d’obtenir les modelés et de préciser les différents plans du sujet.
A l’aide de 2 crayons pastel, clair pour les zones de lumières et sombre pour les lumières tamisées et les parties ombrées, matérialisez les différentes valeurs de lumières et d’ombres par des hachures plus ou moins accentuées (variante, vous pouvez effectuer cette opération avec des pastels durs). Au fur et à mesure que l’on s’éloigne du premier plan les hachures deviennent de moins en moins visibles.
Eviter les aplats qui tuent les vibrations de la lumière et limitent l’accrochage du pastel.
Vous pouvez fixer votre travail avec du fixatif après l’avoir vérifié, juste un léger voile destiné à figer vos repères et redonner un peu d’accroche. (Avant de peindre prenez le temps de vérifier votre préparation, cherchez et corrigez les erreurs, après il est trop tard).
La mise en peinture Bien qu’il soit recommandé de « monter la peinture » du sujet tout à la fois, l’artiste travaille de haut en bas pour que la poudre qui tombe ne vienne pas salir les parties basses de l’œuvre. On réduit cet inconvénient au maximum en disposant verticalement le support sur le chevalet.
L’application de la couleur se fait par couches successives très légères en commençant avec les pastels les plus durs(1). Pour chaque couche on travaille les valeurs en rééquilibrant toutes les nuances ; les contrastes ; les plans ; les modelés. La tendance étant au débordement il faut redessiner en permanence son sujet à partir des repères qui ont été pris.
Une couche est terminée lorsque l’on atteint la limite d’accrochage des pigments.
Pour la couche suivante on pratique de la même manière avec des pastels un peu plus tendres. La poudre plus tendre viendra s’accrocher sur les grains plus durs sans les arracher. Un bon pastelliste parvient ainsi à superposer cinq couches et plus, créant ainsi des effets de lumière extraordinaires.
A la fin des premières couches il est possible de passer un léger voile de fixatif(2) pour redonner de l’accroche si vous avez eu la main un peu lourde en poudre de pastel. Il est prudent, avant de passer le fixatif, d’éliminer l’excèdent de poudre en tapotant légèrement le support.
Au stade peinture il est possible de pratiquer des petites corrections :
- Il est possible d'enlever les excès de poudre délicatement avec un petit pinceau en veillant à ne pas détruire l’arrangement des pigments, pour ma part je préfère utiliser une craie dure passée très légèrement.
- L’emploi de la gomme est à proscrire. Lorsque le trait est fin, il est possible de le modifier en le coupant par un autre trait d’une autre nuance. Lorsqu’il est trop épais vous avez un problème.
En phase de finition placez vos lumières avec des pastels très tendres. Vous pouvez utiliser un crayon pastel ou un pastel dur de nuance appropriée pour fusionner les plans entre eux et; pour adoucir les lumières.
Attention à la fatigue qui pousse à user abondamment d’une même nuance sur tout le support, en oubliant de se référer au modèle et en effaçant les repères. En quelques minutes une peinture magnifique deviendra quelconque et irrécupérable.
Si votre touche manque de tact avec le support et écrase les pigments, ceux-ci vont rapidement « graisser ». Votre travail s’encrasse, devient lisse et brillant et se refuse à accrocher de nouveaux pigments (Certains pigments plus que d’autres favorisent le « graisssage », vous apprendrez très vite à les reconnaître). Dans ce cas n’insistez pas, recommencez votre travail !
Le pastel n’a pas de secret. Il suffit d’utiliser les meilleurs produits, pigments
1) Pour une même nuance pure de pigment, les fabricants proposent des bâtons de pastel en dégradé de la nuance. Ceux-ci sont obtenus par incorporation de charges (kaolin, blanc d’Espagne, noir animal, etc.), ce qui a pour effet de les rendre plus pulvérulents, plus tendres. On les dit saturés au blanc ou au noir.
2) Attention de ne pas boucher les petites cavités entre chaque grain de pigment par un excès de fixatif, ce qui aurait pour effet de ternir vos couleurs (la lumière étant moins bien réfléchie) et de limiter la capacité d’accrochage de nouvelles couches de pastel. L’idéal serait d’utiliser un fixatif de composition identique au liant employé par le fabricant pour agglomérer les pigments et charges. Certains fixatifs jaunissent où assombrissent les couleurs avec le temps.