14 Janvier 2016
Jean Fouquet, par laurentsaintgermain
Vers 1450, la guerre de Cent ans s’achève mais le royaume de France reste divisé. Les combats, la peste et la famine ont fait disparaître près de la moitié de la population. Le roi Charles VII et sa cour se sont installés à Tours. Au cœur de la cité, le célèbre peintre Jean Fouquet réalise une miniature intitulée Le martyre de sainte Apolline. Une œuvre peinte avec délicatesse dans un livre de prières destiné à un riche commanditaire. L’artiste s’est inspiré d’un des récits de La légende dorée de Jacques de Voragine, qui décrit les tortures endurées par les premiers chrétiens sous l’Empire romain. Sous le pinceau du peintre, les bourreaux arrachent les dents de sainte Apolline, ligotée sur un lit de supplice pour l’obliger à abjurer sa foi. Une foule indisciplinée se presse sur des gradins pour assister au spectacle comme s’il s’agissait d’un mystère (genre théâtral qui mettait en scène à l'époque les sujets religieux). Fouquet nous invite à ce déploiement de douleur et de violence issu de l’imaginaire médiéval. Mais en choisissant le filtre de la mise en scène théâtrale, il impose une mise à distance qui annonce la Renaissance.